Pour le reste, le film joue probablement trop sur l'imprévisible et la surprise, l'improvisation, ce qui perturbe et laisse place au sentiment (qui n'est pas qu'un sentiment) que le scénario est parfois expédié, se fout presque du spectateur, comporte en tout cas de grosses faiblesses en termes de cohérence. La première partie est en cela faiblarde malgré un dispositif ingenieux (huis clos mais avec une foule où chercher l'aiguille) et cette idée de départ puissante (être papa poule le jour, rendre heureux ses enfants, mais être un monstre la nuit... C'est tout a fait possible). Faiblarde en raison notamment d'une méthode pour l'évasion qui interroge sur sa crédibilité (avouer son identité à la starlette sans rien essayer d'autre). Ingénieux là aussi mais tiré par les cheveux. On retiendra tout de même de cette premiere partie un message et une morale limpides : sortez de l'anonymat, côtoyez les grands de ce monde si vous voulez vous en sortir, devenez forts avec les forts sans quoi...
Le revers de cette médaille (en chocolat) et la force de la seconde partie c'est précisément ce qu'en fait la star qui ne manque pas de ressources pour prendre Le Boucher à son propre piège. Et toute la résolution dans le foyer familial est pour cela puissante, parfois angoissante, souvent percutante.
C'est pourquoi je retiens malgré d'évidents défauts les nombreuses idées fabuleuses dans ce film : l'inventivité de la starlette pour subtiliser le téléphone du Boucher et faire libérer une victime de ce dernier en exploitant les fameux réseaux sociaux, brillante idée. Farfelue mais brillante. La séquence finale aussi est réussie entre le mari et sa femme. Une tension palpable et puissante. Un dénouement malin avec l'histoire du gâteau puis du vélo d'enfant (moment tendre qui cache encore une énième machinerie révélée dans le dernier plan). D'ailleurs, tout ici se construit avec le recul sur une dualité fondamentale, métaphore sur le montré et le caché : scène/coulisses, sous les projecteurs/dans l'obscurité, la maison. le tunnel, la célèbrité / l'anonymat, ce que je te laisse voir de mes intentions/ce qu'elles sont vraiment (l'histoire du vélo)...
Et puis j'adore les clins d'oeil bien sentis à Psychose (le rire du dernier plan) Le silence des agneaux (la séquence juste avant avec le vélo) ou Halloween (les extérieurs de la maison familiale).
Quant à Shyamalan, sa maestria pour une mise en scène au cordeau fait comme presque toujours mouche.
Enfin cet acteur que j'ai souvent trouvé quelconque est vraiment crédible dans ce rôle et offre je trouve une performance ultra convaincante.
A voir donc ! Un divertissement horrifique toujours malin avec Shyamalan et qui fait réfléchir.
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