lundi 31 mars 2025

L'Amour ouf


La dernière image ? Il y a bien des idées de mise en scène intéressantes, qui valent le détour, notamment la fameuse scène introductive où pas mal de choses se passent hors champ (un peu comme chez Kitano version Sonatine). Mais chez Kitano on sent une volonté par la poésie de sa mise en scène notamment, l'utilisation de la musique aussi,  de casser les codes et de mettre à distance la violence.

Ici hélas la violence n'est qu'un prétexte à une surenchère très adolescente qui finit par donner le sentiment que c'est la violence qu'on veut exalter. Une violence chorégraphiée, léchée, appelé de ses voeux, et donc 100% gratuite et malaisante. Alors que ce premier plan avait l'avantage de nous dire au contraire : on va la dénoncer, vous allez voir, on va parler d'amour... Dommage.  

Le film est pour le reste indigent parce qu'il manque de poésie, d'humour (c'est là que Gilles est le plus fort en général et le film ici en manque trop). Je pense à cette séquence de danse sur The Forest sans distance aucune et qui de ce fait rappelle furieusement une pub des années 90 pour une paire de jeans... Les personnages sont aussi en cause parce que creux comme ces décors bateau des années 80, ces cabines téléphoniques accessoirisées, ces cassettes audio de brocante, cette B.OF. plaquée... On sent les intentions lointainement nobles de recréer dans le ch"nord un truc entre Jeux d'Enfant, les Affranchis... Oui mais ça ne prend pas une demi-seconde. Entre la famille du mari et celle de l'amour de jeunesse, on pense davantage aux Groseille et aux Lequennois. Et côté Poelvoorde pourtant impec dans son rôle, on ne pense jamais ni aux Capulet ni aux Montaigu. D'abord parce que les autres acteurs cabotinent, sont en roue totalement libre... Chabat est Alain Chabat à l'écran, Adèle E. est aussi désarmante de naturel qu'elle le serait en interview sur un plateau : les mêmes intonations, les même moues boudeuses, elle ne disparaît jamais derrière son personnage. C'en est gênant pour elle. François Civil surjoue la nervosité, le destin à tout crin, plissant fort les yeux, tapant du poing en hurlant (un enfant capricieux fait pareil à son niveau lorsqu'il est privé de Playstation)... Tout est sursignifiant, sursignifié par des dialogues pauvres, d'une trivialité confondante. Je pense à la scène où le ridicule est le plus palpable :  celle de la lecture pendant qu'un infirmier sans tête refait tranquillment des points de suture dans la chevelure d'Adèle E. Il aurait pu lui faire une couleur, c'était la même... Pas une grimace, un texte naturellement projeté comme pour un filage chez le coiffeur.

Bref... Pas ouf !  

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