dimanche 22 décembre 2024

M Klein

 

La dernière image ? Le Vel d'Hiv, cette longue séquence qui glisse imperceptiblement de la ville, de la rue vers l'atmosphère carcérale d'un train de marchandises, ou de transport de bêtes. Ce qui renvoie parfaitement à la séquence inaugurale où l'on scrute dans les traits et maxillaires d'une femme le signe, la preuve indubitable de sa judaïté qui la condamnerait de fait.

La grande force de ce film est avant tout sa matière sombre et presque fantastique, son atmosphère puissamment Kafkaïenne (on pense au Procès, ou à Invitation au supplice de Nabokov). sa radiographie du double, et d'une forme de folie qui en découle chez le personnage principal, avec l'obsession qu'il se cheville au corps pour cet autre moi, son humanité perdue, celui qu'il aurait pu être ou devenir... Une idée fixe qui l'amène à fréquenter les mêmes lieux, à séduire les mêmes personnages, adopter le même chien, embarquer dans le même train de la mort.... Le film aurait d'ailleurs pu s'intituler Le deuxième homme tant on peut penser parfois au grand film de Carol Reed.         

Décidément Joseph Losey est un très très grand réalisateur. Il me rappelle ici Roman Polanski à ses plus grandes heures. Quant à Delon, avec le recul, je me demande s'il ne tient pas là son plus grand rôle. Magnifique, flambeur, vénal, retors puis fragile, touchant, curieux, obsessionnel et pour finir fou à lier !

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