dimanche 13 octobre 2024

Les Chambres rouges



La dernière image ? C'est ce fameux son strident qui surgit lorsqu'exclue brutalement de la salle du procès, l'héroïne obtient enfin un regard puis un geste énigmatique de l'accusé.

Séquence glaçante, mise en scène chirurgicale. D'ailleurs, c'est à retenir : Chambres Rouges (à l'instar de son accusé au physique d'abord quelconque) finit par exercer une emprise sur le spectateur à coups répétés de lents travelling étouffants qui jouent merveilleusement sur tous les registres du regard : celui qu'on vole, celui qui insiste, celui qui s'empêche, celui qui se dérobe, celui qui s'inonde de peur ou de tristesse... Cette approche parfois théâtrale, peut-être un peu rigide par moments, un peu distante, "intello" diront certains (ce que je peux comprendre dans les reproches exprimés) finit par servir le propos qui tout de même renouvelle le genre (enquête sur un serial killer et traque des preuves, on est à des années lumière du Silence des Agneaux pour ne prendre que cette référence) en créant ce trouble inquiétant sur les intentions de l'héroïne... Désaxée, sûrement, tueuse en puissance, on ne sait pas, elle cultive les rituels de la groupie "Copycat" et ne permet pas au spectateur que nous sommes de nous glisser sou le maquillage, derrière les lentilles pour radiographier via sa cornée veineuse les intentions profondes, premières. Des secrets si bien enfouis qui jusqu'au bout nous resteront inacessibles. Et cette question  demeure :  Où se situe le plaisir recherché au cours de cette élucidation ? Passionnant casse-tête.

Minimaliste, cuisine moléculaire du thriller horrifique, on peut donc rester sur sa faim par ici j'en conviens mais les quelques "flushs" sous le fard qui fusent font sacrément mouche et ont fini par emporter le morceau me concernant.

Reste une enquête dont on aurait peut-être aimé qu'elle soit plus complexe, davantage "manufacturée", à la sueur du front. Car la seule transpiration se produit ici sur du tapis d'appartement ou dans l'immaculée salle d'audience, au cours d'un interminable surplace. Le monde d'aujoud'hui en somme. Connecté partout mais ici. Et nulle part, qui sait ?

Et ça, renouveler un genre sans gesticuler, en bougeant à peine le petit doigt sur un clavier, en n'agitant que ses petits yeux rougis, c'est déjà un sacré tour de force.

Brillant !



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