mardi 10 juin 2014

Le Voyeur. Michael Powell


Capter l'insondable, filmer l'impossible.... Michael Powell crée le papa du slasher, du film de serial killer mais pas seulement... Il est aussi avant l'heure l'ancêtre et du Snuff et du Found Footage que sanctifiera Cannibal Holocaust puis tant d'autres... Car toutes ces bobines retrouvées après la mort du personnage principal constitueront la matière première d'un Found Footage du plus bel effet. En cela, Le Voyeur est tout à la fois génial et précurseur. Michael Powelll ne dit rien d'autre entre les lignes qu'en tout voyeur sommeille un meurtrier en puissance et que tout réalisateur est ce voyeur, ce tyran, ce voleur ou plus exactement ce violeur d'âmes... Le fait que les victimes ici soient des femmes et que l'arme du crime soit une caméra dans les mains d'un homme résume parfaitement cette dialectique éminemment sexuelle. Il a souvent été constaté au premier contact des civilisations autochtones d'Amazonie ou des confins de l'Afrique (les Pygmées d'Afrique Centrale) un réflexe de peur et de repli à l'idée d'être filmé ou pris en photo. En y mettant des mots, il y avait derrière ce réflexe l'angoisse que l'appareil ne vole, ne suce avec voracité les âmes (la photo comme sa propre image hors de soi, dépossédée), ... La vérité se niche souvent dans ces intuitions premières. Ces hommes avaient tout compris à l'étrange intrusion d'un appareil photo ou d'une caméra dans une vie et qui peut s'avérer terriblement mortifère... Le Voyeur est donc un monument du 7ème art, la pierre angulaire d'un genre (le film d'horreur) et surtout l'une des plus grandes réflexions qui soient sur la création d'images d'éternité et le chemin forcément douloureux, chaotique, parfois criminel que cet accouchement oblige à emprunter...

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