dimanche 29 juin 2014

Cloud Atlas. Frères Wachowski


D’apparence Cloud Altlas est déjà une pièce montée à la crème pâtissière pour étouffer quiconque s'aventurerait dedans,et pas que les chrétiens ! Mais quand on regarde de plus près, ça se confirme bigrement. Un 10 000 feuilles mièvre et lourd à tous les étages !!! On se croise et on se retrouve d’époque en époque et on hoche la tête en signe de reconnaissance « Ahhh mais on se serait pas déjà vu quelque part nous ? ». Evidemment les époques charrient tous les clichés du genre, que du saillant, que de l'improbable, que du capillotracté : un bout d’Apocalypto par ci, 2 gouttes de Master and Commander par là, une pincée de Blade Runner, 1 gousse des Hommes du Président et 4 notes d’Amadeus sans parler du personnage Golumesque campé par Tom Hanks dans un lointain passé ("Mon préciiiieux, je dois la tuer, et pis non, et pis peut-être... Aaaaah ma tête qui fait mal)" On se croirait aussi parfois dans Il était une fois… La vie, ce dessin animé de notre enfance qui plaçait les mêmes personnages à toutes les époques de l’humanité. Sauf que ce dernier avait l’avantage de la pédagogie, de l’utile, de l’agréable. Cloud Atlas ne raconte hélas rien d’intéressant et de latex en faux nez, on finit pour tuer l'ennui (c'est interminable) par s'amuser à repérer les acteurs sous le maquillage. Un message fin comme du gros sel car il n'y a pas grand-chose à retenir de cet Age of Empires version « Réincarnation » et sa pseudo philosophe à 2 centimes ("nos actes définissent notre futur mes z’amis" ou "Faites des bonnes actions et tout ira bien, vous finirez au coin du feu sur une planète lointaine avec une femme aimante de votre âge qui vous fera des massages pendant que la flopée de marmots ira au lit sans passer par la case dentifrice") ? Certains osent y voir vu une ambition rare, il y a surtout le bout à bout de scénarios quelconques voire nanaresques de courts métrages qui ont dû dormir trop longtemps dans les tiroirs des frères Wachowski. Klug Atlas pour les amoureux du Splendide est un gros pudding intersidéral..

samedi 28 juin 2014

Blood Simple. Joel et Ethan Coen


Blood Simple n'est pas une énième et vaine variation autour du film noir et de la figure de la femme fatale, c'est une authentique réinvention du mythe notamment grâce à une intrigue diabolique et sachant ménager son suspense (que de divins rebondissements, que d'apparences trompeuses). Grâce aussi à des personnages furieusement campés, plus vrais que nature et paradoxalement insaisissables dans leurs aspirations, leurs regards impénétrables ne permettant jamais de savoir ce qu'ils s'apprêtent à faire.., C'est d'ailleurs un des éléments puissants de l'univers des frères Coen. Mais je retiens surtout la mise en scène d'une intelligence et d'une modernité folle (la scène de l'enterrement et toute la séquence finale) se mettant docilement au service de l'histoire et qui dès ce premier film possède une signature singulière et ravageuse qu'on retrouvera avec bonheur tout au fil de l'oeuvre à venir des frères Coen. Bref Blood Simple est un joussiif polar qui dévoile lentement son génie (y compris dans le temps) par une de ces canicules qui à l'instar d'un ventilateur tournant au ralenti peut rendre fou !

vendredi 27 juin 2014

Slumdog Millionaire. Danny Boyle


Voilà la quintessence d'un cinéma néo-colonialiste qui sans se mouiller reviste l'Inde du pauvre comme le ferait un touriste européen derrière les vitres teintées de son 4*4 climatisé. Tout y est edulcoré, propret jusque dans les intentions et les sentiments des personnages. Les images sont léchées comme des spots de pub pour une assurance. Chaque nouvelle question est le prétexte facile à un ridicule sketch qui va révéler en creux une petite parcelle bien artificielle du personnage et de son environnement créé de toutes pièces pour les besoins d'un scénario paresseux. Rarement cinéma et publicité mensongère auront autant fricoté ! La petite Inde rêvée de Boyle c'est surtout de la grosse ficelle hollywoodienne....

mercredi 25 juin 2014

Salo ou les 120 jours de Sodome. Pier Paolo Pasolini


Le film indissociable du cinéma Accatone où je l'ai vu dans les années 90. Je garde un souvenir mitigé de la séance. Ennui parfois, écoeurement aussi, mais toujours troublé quand j'y repense... Le genre de film qui creuse des plaies profondes en vous. Plaies qui seront susceptibles de se rouvrir occasionnellement, sans prévenir. Avec le recul, Haneke cherche dans Funny Game à créer le même malaise chez le spectateur qui regarde impuissant l'innommable sans rien pouvoir y faire. Quelque chose d'inéluctable ets à l'oeuvre. Ici il y a beaucoup plus, Pasolini prend au pied de la lettre cette réflexion qui veut qu'une eau dont on fait monter la température très lentement aura la peau de celui qui est plongé dedans, privé de stimuli salvateurs... Pasolini nous dit que toute société totalitaire, toute dictature maquillée, fonctionne précisément comme cela, de façon souterraine, pour pervertir l'innocence, pour amener la parcelle d'humanité en nous doucement, très doucement, par palliers, à se corrompre ultimement. Salo a probablement vieilli, mais les idées qu'il contient sont si corrosives à l'esprit, disent tant de vérité de nos sociétés, qu'il est difficilement oubliable. Il dit aussi beaucoup du monde chimérique de  spectacles que nous nous sommes lentement fabriqué à coups de télé-réalités consacrant le simulacre moderne de ce que furent les jeux du cirque...

Carlito's way. L'impasse. Brian De Palma


En reprenant une figure (Tony Montana) qui le fit roi, en lui donnant un sacré coup de vieux via un séjour bien senti en prison et un traitement qui convient parfaitement (voix off introspective), De Palma n'a jamais livré un cinéma aussi mélancolique, Pacino pose un regard désabusé sur un monde qu'il a connu et dont il ne maîtrise plus vraiment les codes... Une seule chose pour finir n'aura pas changé, les voies de la rédemption sont impénétrables et le danger survient toujours de la façon la plus inattendue qui soit. De Palma parvient aussi à innover formellement lors de séquences mémorables (le billard, le métro). Une forme qui épouse parfaitement ce requiem désespérément mélancolique qu'est Carlito's way ! Elle est grande et belle et sombre l'Impasse..

mardi 24 juin 2014

Irréversible.Gaspard Noé


Gaspar Noé a du talent c'est certain, il l'a prouvé dans Seul contre tous notamment que j'avais beaucoup aimé. Mais franchement qu'Irréversible est mauvais, raté, bâclé surtout... On sent beaucoup trop le projet né un soir de biture avec Cassel et BelluciNoé se contentera de l'idée de départ mal dégrossie, bien trop maigre pour faire un film et surtout pour faire exister des personnages qui n'existent jamais à l'écran. Un exemple parmi d'autres : la construction à l'envers n'apporte absolument rien (quand elle est le coeur et l'âme d'un film comme Memento) sinon révéler une pauvre erreur d'appréciation de Cassel lors de l'expédition punitive au début. Je veux dire aussi par là que cette construction vaudrait tout aussi bien pour un AVC, un avortement, un assassinat, un accident de voiture, que sais-je encore mais qui fasse que le plan de la fin provoque la même réaction à savoir "avant le drame regardez comme ils étaient amoureux et heureux"... Facile et faiblard. Autre exemple : Des scènes qui s'étirent en longueur comme celle du métro, ou celle sur le lit ou même celle du viol mais sans énergie, sans colonne vertébrale... Enfin et surtout au lieu de provoquer et faire réfléchir, le film ne fait qu'écoeurer par sa lourdeur, donne envie de vomir parfois et manque de finesse par-dessus tout. Le genre de fausse bonne idée sous-exploitée et gâchée par une volonté mal canalisée de tout casser, d'en mettre plein la vue, de créer un précédent qu'Irréversible ne sera jamais !

dimanche 22 juin 2014

Les Envahisseurs. Larry Cohen


J'ai toujours eu une tendresse pour Larry Cohen qui nous aura gratifié de perles horrifiques à petit budget comme It's alive ! (influence majeure pour le The Brood de David Cronenberg), God told me to (excellentissime variation autour du tueur/gourou qui s'efface derrière ses disciples hypnotisés, comme sous influence... une thématique génialement reprise par Kyoshi Kurosawa dans Cure notamment et qui résonne de façon ultra-moderne quand on voit ce que la religion peut faire faire à un homme aveuglé par cette dernière...) ou même Q qui mélange le fantastique et le mythologique Maya au polar urbain, avec des références bien senties au massacre des amérindiens.... Il est aussi l'auteur d'un scénario brillamment hitchcokien (Phone game) porté récemment à l'écran par Joel Schumacher. Mais il doit être avant tout remercié pour The Invaders série paranoïaque où la terreur surgit du sentiment d'isolement et d'abandon d'un personnage principal qui s'évertue à vouloir ouvrir les yeux de ses congénères sur la présence parmi les hommes d'extraterrestres et qui hélas ne cesse de passer pour un fou... Les décors sont fabuleusement abandonnés, désertiques, comme hantés, la musique l'est tout autant ! A noter enfin la façon unique qu'ont les extraterrestres de disparaître sans laisser de trace, ce qui hystérise davantage un David Vincent désespérément à la recherche d'indices permettant d'étayer sa théorie conspirationniste aux yeux du monde. Bref, un bijou à l'image de cette immortelle introduction qui glaça le sang de tant de téléspectateurs à l'époque : Les Envahisseurs : ces êtres étranges venus d'une autre planète. Leur destination : la Terre. Leur but : en faire leur univers. David Vincent les a vus. Pour lui, tout a commencé par une nuit sombre, le long d'une route solitaire de campagne, alors qu'il cherchait un raccourci que jamais il ne trouva. Cela a commencé par une auberge abandonnée et par un homme devenu trop las pour continuer sa route. Cela a commencé par l'atterrissage d'un vaisseau venu d'une autre galaxie. Maintenant, David Vincent sait que les envahisseurs sont là, qu'ils ont pris forme humaine et qu'il lui faut convaincre un monde incrédule que le cauchemar a déjà commencé…

samedi 21 juin 2014

Les démons du maïs



Excellent petit film d'horreur intelligemment adapté de Stephen King et qui fait beaucoup pour créer un climat de terreur avec 3 bouts de ficelle (n'enlevons rien à son statut de vraie série B fauchée) et de riches idées de mise en scène (l'utilisation de la vue subjective notamment depuis les champs de mais ou les fenêtres des maisons abandonnées). Quasiment pas d'effets spéciaux (si ce n'est vers la fin), et l'on a peur comme rarement pour ces parents, et l'on étouffe à ciel ouvert dans cette bourgade aux allures de ville de western dévastée par l'exode rural, Les chères petites têtes blondes font d'ailleurs aussi peur voire plus que dans Les révoltés de l'an 2000 ou Le village des damnés sur une thématique voisine ! Alors vous me drez qu'ils ont peut-être vieilli ces démons du maïs (je ne les ai pas revus depuis sa sortie), mais je reste sur la première impression qui ne trompe jamais : à l'époque quelle efficacité,,quelle atmosphère, quelle claque horrifique !

Doctor Strangelove. Stanley Kubrick


Je viens de revoir Docteur Folamour et même si je suis toujours aussi conquis par la force du brûlot antimilitariste et la façon dont il détaille les réactions en chaîne vraisemblables qui vont conduire à l'impensable, même si je suis fasciné par l'abattage de Peter Selllers, George C Scott ou Sterling Hayden ou par certaines séquences hilarantes (les discussions du président américain avec son homologue russe), je trouve franchement que toutes les parties tournées en extérieur (l'attaque de la base militaire) et dans les airs (la séquence finale à bord du B42) ont vraiment pris très cher et plombent l'ensemble... La théâtralité de Docteur Folamour m'a également moins emballé qu'à l'époque. Reste le générique de fin champignonesque épatant qui marque et reste en mémoire. Mais voilà, globalement, je suis resté sur ma faim et me demande si un Blake Edwards n'aurait finalement pas été beaucoup plus à l'aise sur un exercice pareil (sorte de énième épisode halluiiciné de La Panthère Rose) qui plus est avec de tels acteurs sous la main !

jeudi 19 juin 2014

The Ghost Writer. Roman Polanski



Polar aux joussifs accents métaphysiques dans un écrin de mise en scène d'une sobriété qui frôle la perfection. Décidément, Polanski garde la très grande forme par inttermitence. Il est capable d'alterner les gros ratés (La neuviève porte, Olivier Twist...) et des sommets de cinéma (Le Pianiste et maintenant The Ghost Writer). Car voici un conte paranoiaque où chaque détail est interprétable par le personnage principal comme par le spectateur. Telerama soulignait à juste titre que "la surprise finale et ses retentissements rappellent l'étrange et terrible formule de Lacan : La paranoïa, c'est la vérité ". Rien de plus vrai ! Tout est dit. The Ghost Writer est comme son nom l'indique hanté par le prédecesseur du personnage principal (qu'on a détaché auprès d'un homme politique savoureusement incarné par Pierce Brosnan). Ce qui dans l'esprit n'est pas sans rappeler le contexte idoine du Grand Sommeil (Raymond Chandler). Il y a de la même façon dans The Ghost Writer un sous-texte, un arrière plan, des indices disséminés dans la géographie de cette île fantômatique et déserte comme à la marge de ce fameux livre qui résonne dès lors comme une forme testamentaire... N'est-ce pas le sens profond de ce que l'oeuvre de tout créateur recèle ? Un message secrètement universel qui lui survit à travers cette dernière ? Ce faisant, Roman Polanki livre au-delà du brillant exercice de style une grande réflexion sur la création artistique

Les garçons et Guillaume à table !



Incompréhensible Cesar pour un film qui ne va quand même pas chercher bien loin ! D'abord on sent très vite qu'il reprend la recette d'un spectacle, enchaînant les sketches les uns derrière les autres sans autre fil conducteur que la sexualité d'un Guiillaume nombriliste qui poserait problème (est-ce d'ailleurs vraiment sa sexualité qui est en jeu ?) ... C'est maigre, aussi maigre que la grand mère ou le père (véritables silhouettes sans épaisseur) se retournant tour à tour interloqués sur un Guillaume qui parle comme sa mère. Ce film est surtout en y réfléchissant le petit monde étriqué d'un fils à maman de très bonne famille qui de stage de flamenco dans le sud de l'Espagne en super internat d'excellence anglais en passant par une thalasso en allemagne décide un jour qu'il va écrire un spectacle pour raconter son drame : dès lors qu'il aura vaincu sa peur des canassons, il pourra assumer son hétérosexualité... Vous avez dit simpliste et énervant ? Exactement, mais c'est à l'image du personnage principal trop cocooné pour intéresser et surtout bien trop obnubilé par son petit nombril. Un exemple qui illustre ce problème irriguant tout le film : cette séquence invraisemblable du héros pris à parti par 3 maghrébins qui en veulent à son derche. Déjà sur le fonds, la question de l'intention et de l'utilité de ces personnages se pose. De simples petits gars de banlieue sans connotation ethnique auraient suffi puisqu'il est avant tout question en filigrane de choc des classes sociales. La séquence raconte surtout le jeune de bonne famille qui découvre soudain qu'il y a un monde autour de lui et de Paris (la proche et si lointaine banlieue) avec des gens qui ne lui ressemblent pas... C'est pour cela que le film eut mieux fait de s'intituler "Guillaume et les petits oiseaux". D'identité sexuelle il n'est pas foncièrement question ici... Il est surtout question de problèmes "de riche" sans grand intérêt.

mardi 17 juin 2014

Prince of Darkness. John Carpenter


John Carpenter n'a jamais autant crié son admiration pour Lucio Fulci (L'au-delà, Frayeurs) et Dario Argento période inferno que dans ce film... Le problème c'est de parvenir à se hisser à leur niveau ! Prince of Darkness n'y arrive objectivement jamais. Evidemment on lui retrouve les aspects visuels maison efficaces de Assault on Precinct 13 (la présence menaçante autour de l'Eglsie qui fait monter la tension par petites touches comme autour du fameux commissariat). en revanche toute la soupe mystico-scientifico-religieuse qu'il vient plaquer dessus ne produit que du grand-guignol foireux. Le manque de moyens souvent loué crève surtout les yeux et appauvrit l'ensemble; Et je ne parle pas du casting (le grand moustachu blond pour n'en citer qu'un) navrant ou des méthodes de contaminaton à base de petits jets d'eau rafraîchissants comme des lavements... Bref, ,un gros gâchis malgré une atmosphère il est vrai oppressante mais rien qui ne surprenne vraiment venant de John Carpenter. Voilà qui ne suffit pas pour créer le bel et grand objet horrifique et sataniqiue qu'on aurait été en droit d'attendre !

The Grand Budapest Hotel. Wes Anderson


Wes Anderson continue sur sa lancée funèbre ! The Grand Budapest Hotel est une succession de tableaux dont la symétrie fait froid dans le dos. Tout y est symétrique et froid comme la mort. Le cadre toujours aussi rigide et figé ne laisse place à aucune respiration, aucune improvisation, aucune vie d'aucune sorte... Le casting est à l'image des vignettes sur l'affiche du film : un alignement de pierres tombales. Le tout hollywood s'y retrouve pêle-mêle dans une sorte de vaste Musée Grévin de cire, de naphtaline et de formol... La musique répétitive, omniprésente résonne également comme un disque rayé. Mais c'est surtout l'image glacée avec cette esthétique typique des pubs Kodak des années 80 (surtout la poursuite en ski) qui n'arrange rien et rappelle l'univers d'un taxydermiste exposant ses petites choses empaillées, ses petites momie récréatives... J'ai pensé un temps à du Caro & jeunet période Delicatessen mais sans la vie, sans le supplément d'âme. Tout ceci est pour finir d'autant plus regrettable que cette forme (nature morte hissée comme un corps lourd et sans vie à l'ecran) se met au service d'une histoire qui parle précisément de la mort sous toutes ses formes, métaphoriques ou littérales... Voilà la grande erreur de Wes Anderson : à confondre la forme et le fonds, il donne à l'ensemble quelque chose d'inerte ne permettant aucune envolée lyrique ne serait-ce que par un contraste qui eut été salutaire en l'espèce ! Le film est pour finir à l'image de son hôtel (dans le passé comme au présent) : Triste et mort.

dimanche 15 juin 2014

Shrek 4. Il était une fin


Même avec une animation qui rappelle souvent la soupe visuellle désincarnée de Oui-Oui, même avec un enchaînement somme toute mécanique de gags forcément réchauffés maintenant que l'on est familier avec l'univers, il faut quand même reconnaître qu'il y a une vraie bonne idée de départ dans l'esprit de La Vie est belle (Frank Capra) qui ne pouvait pas mieux tomber pour se dire au revoir. Quelque chose de métaphysique dans cet épilogue qui ne gâche rien ou si peu... et puis j'ai aimé ce générique de fin (qui vaut pour la tétralogie), émouvant et transcendé par les notes aériennes de Stevie Wonder dans "For once In my life"... Donc un pari réussi sur le plan de l'honnêteté et d'une émotion que je sens incère malgré un côté forcément réchauffé et une animation pas vraiment au niveau ...

Seraphim Falls



Grandiose ! Quellle claque ! Belle et grande surprise que ce western crépusculaire... Ca commence un peu comme Essential Killing mais là où ce dernier était trop théorique et abstrait, Seraphim Falls s'ancre résolument dans le réel et dans la plus pure tradition des westerns avec des personnages ambigus et pas manichéens pour un sou. Le réalisateur connaît par ailleurs ses classiques : on pense à La chevauchée des bannis (De Toth), Les collines de la terreur (Winner), Il était une fois dans l'Ouest (Leone) et même John McCabe (Altman). Pierce Brosnan ressemble d'ailleurs étrangement à Warren Beatty dans ce dernier. Je ne reviens pas sur les séquences mémorables (le couteau tombant comme une pierre de l'arbre, la scène de la mort du cheval dans le désert...). Du grand spectacle oui mais aussi de l'introspection intelligente, les ravages de la guerre sur l'individu avec une fin complètement fantastique voire métaphysique (l'indien au bord de la flaque d'eau puis Angelica Huston en mort personnifiée au milieu de nulle part) qui achève de célébrer un film injustement méconnu et objectivement génial à l'image des 2 acteurs principaux et de nombreux dialogues : "Il n'y a qu'une seule balle ?...(silence puis réponse) C'est largement suffisant". Courez-y ! Dévorez-le !

samedi 14 juin 2014

Les Démons à ma porte


Chef d'oeuvre absolu d'intelligence sur la nature de l'homme en danger, saccagée, mise à mal ou simplement révélée par temps de guerre, par temps de famine, quand tout fout le camp, même si subsiste encore l'humour, toujours salvateur, cathartique ! Mais quand les démons sont à la porte même cet incorrigible désamorceur finit par s'évaporer... De mémoire de cinéphile, jamais au cinéma je n'étais passé en si peu de temps de vrais rires francs à une gorge serrée comme un garrot ! Toute l'installation des prisonniers japonais dans la cave de ce paysan Chinois est parsemée de moments de grâce, de touches d'humour de ci de là, qui permettent de s'attacher terriblement à tout ce petit monde cohabitant sous un toit. A ce moment c'est théâtral, enlevé, cocasse. Puis soudain, on le pressent tout au long du film, le drame tombe comme un couperet, tout s'effondre brutalement comme un chateau de cartes laissant place à l'horreur la plus crue, la plus totale. Ces Démons à ma porte sont inoubliables. A ne louper sous aucun prétexte !

vendredi 13 juin 2014

We need to talk about Kevin


Une construction bien trop alambiquée, des tics auteuristes et l'absence d'humour ou de distance, achèvent légitimement d'agacer.  Mais le pire c'est la caricature qui est faite de cet adolescent réduit à une silhouette maléfique à la The Omen... Incompréhensible que ne se dégage jamais la moindre humainté de cette espèce de vampire de chair ferme et de sang frelaté... Ce faisant, le réalisateur s'est objectivement planté dans son traitement et paraît ne jamais savoir comment aborder intelligemment et honnêtement un sujet forcément casse-gueule... Ce serait un sujet de philo du bac, on décrèterait haut et fort le hors sujet !

mercredi 11 juin 2014

Carnage. The burning.


Bizarre comme l'histoire, l'ambiance et surtout le cadre (centre de vacances au bord d'un lac) rappellent ceux de Vendredi 13 sorti la même année. Mais alors question existentielle : qui a copié qui ???? Reste que le temps est un vrai juge de paix. Là où Vendredi 13 entrait rapidement dans le feu de l'action avec un score immortel à base d'échos de soupirs et une révélation finale assortie d'un dernier plan mémorables (séquence de rêve sur le canoé), Carnage ne fait pas illusion très longtemps. Il n'a absolument rien d'intéressant et pire, ne propose que du vent pendant 50 minutes et un premier meurtre au demeurant ridicule... Rien à sauver de ce carnage qui porte bien son titre français... Même pas le tueur au sécateur qu'on pourrait croire tout sorti de la Cité de la peur :) Il n'y a d'alleurs pas de hasard : Vendredi 13 a accouché de Jason Voorhees, The Burning de l'oubli !

Quai d'Orsay. Bertrand Tavernier


Sympathique, léger, assez drôle, Quai d'Orsay est tout cela mais il est surtout sans conséquences. Aussi inoffensif et indolore que Stupeurs et tremblements d'Alain Corneau qui partage avec lui cette immersion dans un monde (la politique dans un cas, le Japon dans l'autre) dont on ne maîtrise pas les codes... Seul hic pour Quai d'Orsay : il s'évertue à nous rendre sympathiques des personnages qui quand on voit ce que la politique charrie comme cynisme, coups bas et corruption depuis toujours, laisse dubitatif sur la vision gentiment édulcorée de Tavernier... Alors De Villepin serait ce gars un peu gauche, attachant (sous les traits de Lhermitte) et qui semble habité par de vraies grandes idées malgré une bonne dose de naïveté ???? Permettez-moi d'en douter, la politique jusqu'à preuve du contraire reste un théâtre sanglant où les ambitions personnelles s'entrechoquent pour mieux s'empaler. Question humour gentiment distancié, on a Les Guignols et c'est très bien comme ça.

mardi 10 juin 2014

Le Voyeur. Michael Powell


Capter l'insondable, filmer l'impossible.... Michael Powell crée le papa du slasher, du film de serial killer mais pas seulement... Il est aussi avant l'heure l'ancêtre et du Snuff et du Found Footage que sanctifiera Cannibal Holocaust puis tant d'autres... Car toutes ces bobines retrouvées après la mort du personnage principal constitueront la matière première d'un Found Footage du plus bel effet. En cela, Le Voyeur est tout à la fois génial et précurseur. Michael Powelll ne dit rien d'autre entre les lignes qu'en tout voyeur sommeille un meurtrier en puissance et que tout réalisateur est ce voyeur, ce tyran, ce voleur ou plus exactement ce violeur d'âmes... Le fait que les victimes ici soient des femmes et que l'arme du crime soit une caméra dans les mains d'un homme résume parfaitement cette dialectique éminemment sexuelle. Il a souvent été constaté au premier contact des civilisations autochtones d'Amazonie ou des confins de l'Afrique (les Pygmées d'Afrique Centrale) un réflexe de peur et de repli à l'idée d'être filmé ou pris en photo. En y mettant des mots, il y avait derrière ce réflexe l'angoisse que l'appareil ne vole, ne suce avec voracité les âmes (la photo comme sa propre image hors de soi, dépossédée), ... La vérité se niche souvent dans ces intuitions premières. Ces hommes avaient tout compris à l'étrange intrusion d'un appareil photo ou d'une caméra dans une vie et qui peut s'avérer terriblement mortifère... Le Voyeur est donc un monument du 7ème art, la pierre angulaire d'un genre (le film d'horreur) et surtout l'une des plus grandes réflexions qui soient sur la création d'images d'éternité et le chemin forcément douloureux, chaotique, parfois criminel que cet accouchement oblige à emprunter...

Tourist Trap. David Schmoeller


Très intéressante variation autour de multiples références : dans le désordre Psychose, Massacre à la tronçonneuse, Carrie, Maniac et même Halloween ! Une atmosphère lourde et malaisante (la musique de Pino Donaggio aidant beaucoup) avec un univers qui dépasse le simple slasher ou le survival de série pour accoucher de quelque chose qui travaille autant la peur que l'étrangeté. A noter enfin et surtout qu'ultra référencé Tourist Trap est lui-même devenu une influence pour des films comme La Maison de Cire ou Sheitan. C'est dire qu'il existe pour lui-même et contient nombre de moments d'anthologie : je pense à la scène d'étouffement d'une jeune femme sous une épaisse couche de mastic (qui nous fait littéralement étouffer avec elle) ou celle du jeune homme revenu sauver l'héroîne et qui découvre avec horreur qu'il a été transformé en marionnette vivante (son bras est arraché comme à celui d'une poupée) et puis il y a bien sûr toute l'immense séquence finale qui donne le tournis comme les manèges de notre enfance dans l'incapacité de s'arrêter... Tout s'achève enfin par un dernier plan aérien sur une voiture... Mémorable ! Une bénédiction pour tout cinéphile.

lundi 9 juin 2014

Moi Moche et Méchant 2


N'ayant pas vu le premier volet je serais bien en peine de faire des comparaisons. Ce que je peux néanmoins dire du second c'est que visuellement c'est assez bluffant, que les personnages sont plutôt bien campés, intéressants (l'idée du méchant reconverti en super-héros notamment, son espionne de fiancée hyperactive et bien trop bavarde). En revanche, ça pêche sérieusement au niveau du scénario. Trop light voire bâclé : je pense au final véritablement expédié avec une histoire d'antidote vraiment facile, je pense aussi à ce duel au sommet attendu mais qui finit par ne rien donner de près ou de loin... Quant aux références voulues aux films d'espionnage, elles ne sont hélas pas assez présntes et surtoutbien trop appuyées quand elles apparaissent (beaucoup de clins d'oeil à Moonraker). Mais bon, ça reste sympathique et souvent drôle.

dimanche 8 juin 2014

Le juge et l'assassin. Bertrand Tavernier


Une des plus grandes réussites de Bertrand Tavernier. S'il fallait d'ailleurs un film pour se convaincre du génie de Michel Galabru et bien le voici. A la fois inquiétant et débonnaire, effrayant et gouailleux, ogresque et poupon, il est vraiment hallucinant dans ce rôle. Noiret qui lui donne la réplique et le traque sans relâche n'est pas en reste. Immense reconstitution historique autour d'un terrible fait divers et immense face à face ! Noir, c'est noir en France en cette fin de XIXe siècle..

samedi 7 juin 2014

Fast and Furious 6


J'ai envie de dire… reviens JMT reviens !!!! John Mc Tiernan est le seul vrai Last Action Hero (auto-proclamé il est vrai, mais à juste titre), le roi du film d'action car il savait comme personne rendre intelligible un lieu complexe et le déroulement d'une action dans les moments les plus survitaminés de son intrigue... Ici, il manque hélas ce don de rendre tout fluide et intelligible, et donc jouissif... Au contraire, ça fait plutôt mal aux yeux et à la tête en plus d'être débilitant… Défourailler à gogo ne suffit pas à produire du bonheur chez le spectateur ou alors ça se saurait !

vendredi 6 juin 2014

La maison de Cire.


Bonne petite série B horrifique qui sacrifie forcément à quelques poncifs mais on finit par l'oublier parce qu'il y a la folle ingéniosité de l'ensemble (l'idée de la scène terrifiante de la salle de cinéma pleine de mannequins), et au-delà de références plus que sympathiques (on repense focément à Tourist Trap) je retiens une scène finale d'anthologie dont je tais la nature mais qui restera forcément dans les mémoires. Grandiose. Rien que pour cela, il vaut le détour et vole bien au-dessus du tout venant horrifique de ces dernières années.

jeudi 5 juin 2014

Le Congrès. Ari Folman


J'ai envie de dire "quelle daube !" mais tout n'est pas complètement nullissime loin de là… Le pire est sûrement le sérieux et la prétention qui se dégagent de l'ensemble, un truc mystico-foireux qui rappelle le désastre de The Fountain pour n'en citer qu'un… La partie en prise de vues réelles a quelques chose de complètement désincarné et faux… Curieusement les gens semblent d'ailleurs préférer cette première partie alors que je lui préfère la seconde en animation avec ses accents révolutionnaires et déjantés à la The Wall tout en précisant que ça ne raconte rien de vraiment intéressant. Ensuite, c'est surtout le mélange entre fiction réaliste et dessin animé qui ne prend pas du tout, mais alors pas du tout ! Donc voilà Le Congrès est un truc boursouflé, sans visée claire et frisant trop souvent le ridicule mais il n'est pas totalement nul (quelques jolies envolées visuelles). Daubesque mas pas trop !

mercredi 4 juin 2014

Promised Land. Gus Van Sant


La force du film est de nous faire ressentir le coeur et l'âme de l'Amérique profonde qui résonne des échos de morceaux de Folk et de country. Jusqu'au "rebondissement", on y croit et c'est beau et cette réalité palpable prend aux tripes ! Mais le twist factice de la fin écroule ce fragile édifice dans un épilogue navrant de morale mielleuse à 2 balles... Restent les acteurs excellents et cette ambiance si bien restituée. Le sujet rappelle d'ailleurs à peu de choses près le très beau Fleuve Sauvage d'Elia Kazan, à revoir également.

mardi 3 juin 2014

Un frisson dans la nuit. Play Misty for me. Clint Eastwood


Quand on sait que Play Misty for me est un premier film, on réalise que Clint Eastwood va avoir des choses à raconter et une voix singulière à faire entendre. Ici le thriller teinté d'horreur est la forme idéale pour créer un climat étrangement familier, claustro et de plus en plus terrifiant, où le danger prend le visage d'une femme fan invétérée d'un DJ incarné par Clint Eastwood. Ce dernier s'inspire d'une histoire qui lui est arrivée pour casser son image de héros inoxydable, pour la fragiliser en se montrant sous un jour étonnant : homme lâche, imbu de sa personne et effrayé par un petit bout de femme qui va lui mener une vie infernale… On peut d'ailleurs voir une parenté entre ce personnage et celui que Clint incarne dans Les Proies de Don Siegel.

lundi 2 juin 2014

La Classe de neige. Claude Miller


Comment dit-on déjà ? Un quasi sans fautes ! On pourra mégoter sur quelques longueurs mais l'essentiel est là pour déranger, faire réfléchir et voyager... Score mémorable d'Henri Texier (Indian Nomad's Week de mémoire), adaptation magique par Claude Miller d'Emmanuel Carrère. Un des sommets de sa filmographie avec Garde à vue, le huis-clos lui va décidément comme un gant ! La magie vient de la capacité à se mettre à hauteur de héros pour faire exister ses visions anxiogènes... On est dans un film qui radiographie divinement les peurs de l'enfance tout en inscrivant le récit dans la mythologie d'un film d'horreur (la montagne et la neige comme dans Shining) ou dans celle d'un polar fantastique (Les Disparus de Saint Agil). La chute est terrifiante. La Classe de neige est un film qu'on n'oublie pas !



dimanche 1 juin 2014

Gatsby le Magnifique. Baz Luhrman


Boursouflé, stérile, froid comme la débauche d'effets spéciaux et de 3D et de quelques musiques loundge anachroniques qui disent toute la maladresse de Luhrman et donnent même par moments à ce Gatsby le magnifique des airs de publi-reportage pour un grand parfum français... Quand Jack Clayton filmait divinement la solitude de l'homme parvenu et cherchant à se raccrocher à la vérité des sentiments, Baz Luhrman tombe lui dans le piège tendu par le culte de la forme dans ce qu'elle a de plus apprêtée, vaine, superficielle et vidée de sa substance....